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Entrevue avec François Huet, l’agitateur d’idées au service du tourisme
Publié le 15 Oct 2025
Écrit par Les 2 Sacs

Introduction
Chez nous, il y a des personnes qui croisent notre route et qui, très vite, deviennent bien plus que de simples partenaires. Ce sont des voix qui nous bousculent avec douceur, des regards qui élargissent le champ, des présences qui nous rappellent l’importance du temps long et du collectif. François Huet en fait partie.
Accompagnateur, formateur, artisan du lien, agitateur d’idées, François explore depuis plusieurs années comment remettre du sens dans nos manières de travailler, d’accueillir, de transmettre. Il accompagne des collectifs et porteurs de projet à renouer avec ce qui les relie à l’essentiel : l’humain, la Terre et une hospitalité généreuse et vivante.
Aujourd’hui, il est notamment à l’initiative du podcast Xperientiel, le podcast qui propulse la transition du tourisme, conçu comme un espace de dialogue pour repenser nos façons de voyager et d’agir collectivement. Il intervient également à travers des ateliers en intelligence collective, en lien avec la nature, pour créer des dynamiques qui passent du « je » au « nous ».
Avec nous, il veille à ce que nos choix restent alignés sur notre vision en posant les bonnes questions, en favorisant une culture de coopération authentique. Il incarne cette posture d’accompagnement qui éclaire sans imposer, nourrit sans maquiller.
Nous avons eu envie de vous le présenter. De vous donner à lire ce qui nous inspire tant dans sa façon d’agir et d’inviter au collectif. Parce que faire tribu, c’est aussi ça : faire entendre les voix qui nous portent.
Je me suis promis de m’engager pour un tourisme plus respectueux, plus conscient, qui honore les lieux et les gens qui nous accueillent.
L’entrevue
Bonjour François,
Pour commencer simplement : qui es-tu, François ? Et que fais-tu en ce moment ?
Je viens de Fontainebleau, où j’ai grandi au bord de la forêt — un terrain de jeu incroyable qui m’a appris très tôt à observer, à ressentir, à m’émerveiller.
Je suis un autodidacte. J’ai toujours eu besoin de toucher, de faire, de vivre les choses par moi-même. C’est comme ça que j’avance : en expérimentant, en me trompant parfois, mais surtout en comprenant ce qui a du sens pour moi.
J’ai passé une grande partie de ma vie dans l’hôtellerie, avec un CAP de commis de salle en poche, et 25 ans à l’étranger, principalement en Asie. Mon dernier poste : Vice-Président du groupe Banyan Tree. J’ai dirigé le Banyan Tree à Phuket, et supervisé deux autres hôtels à Koh Samui et Luang Prabang. Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir contribué à créer les premiers laboratoires marins dans des hôtels de luxe, aux Maldives et en Indonésie — une façon très concrète de protéger le vivant et les cultures locales. Destinations dinatoires
Aujourd’hui, je me vois un peu comme un agitateur d’idées. J’accompagne des projets dans le tourisme qui veulent remettre du sens au cœur de leur démarche. Par exemple avec Les 2 Sacs, un projet que j’adore, je travaille autant sur la raison d’être que sur la manière de la faire vibrer dans les relations humaines, dans les choix quotidiens, l’expérience salarié et client.
J’anime aussi des ateliers d’intelligence collective pour aider les équipes à mieux se parler, mieux se comprendre, mieux coopérer. Je crois profondément que le changement passe par le lien.
À côté de ça, j’enseigne dans des écoles de tourisme sur des sujets qui me tiennent à cœur : le leadership humaniste, le management autrement, le tourisme durable.
Et puis il y a ma nouvelle passion : l’audio. Je produis des podcasts en marque blanche pour des entreprises engagées, et j’ai lancé Xperientiel il y a 5 ans, un podcast pour celles et ceux qui veulent réinventer le tourisme de demain, en écoutant ceux qui le font déjà, sur le terrain.
Qu’est-ce qui t’a amené, un jour, à explorer l’hospitalité, le lien, l’intelligence collective ?
Ce n’est pas vraiment l’hospitalité qui m’a attiré au départ… c’est le voyage. J’avais une soif de découverte, une envie de voir le monde, de rencontrer d’autres cultures, de vivre dans d’autres environnements. Et surtout, de ne pas vivre comme tout le monde. J’ai toujours eu horreur du copier-coller.
J’ai vécu dans sept pays, en Europe, dans l’océan Indien, dans le Pacifique, en Asie du Sud-Est… Et cette diversité m’a ouvert des portes incroyables. J’ai découvert qu’il n’y a pas une seule façon de voir ou de vivre le monde. Chaque culture, chaque communauté m’a appris quelque chose de précieux.
Et ce que j’en retiens, profondément, c’est que la vraie richesse d’une organisation, d’un lieu, d’un projet, ce sont les femmes et les hommes qui le font vivre au quotidien. On ne peut pas construire sans eux, ni au-dessus d’eux. Personne n’est supérieur à l’autre. On a tous une valeur à apporter, à partir du moment où l’on comprend le sens de ce qu’on fait, et la place qu’on peut y prendre.
C’est de là qu’est née ma passion pour la raison d’être, pour l’intérêt commun. Fédérer un collectif autour d’un projet qui a du sens, où chacun peut contribuer à sa manière et se sentir à sa place, c’est devenu un fil rouge pour moi. Et je crois qu’on en manque cruellement, surtout dans notre société occidentale.
Finalement, les communautés les plus heureuses ne sont pas forcément celles qui ont le plus d’argent. Ce sont celles qui partagent le plus humainement, avec simplicité, écoute et lien.
Vision du monde et du voyage
Quand tu parles de “tourisme positif” ou de “voyage plus conscient”, tu y mets quoi derrière ?
Comme beaucoup, j’ai voyagé le temps d’un week-end, pour me dépayser, découvrir, vivre un moment romantique… L’intention était bonne, mais avec du recul, c’était souvent du voyage rapide, un peu consumériste, où l’on survole plus qu’on ne s’imprègne.
Ce n’est pas là que j’ai le plus appris.
Ce qui m’a vraiment transformé, ce sont les années passées à vivre dans d’autres pays, avec des cultures très différentes de la mienne. Et dans ces pays, c’était moi l’étranger. C’est quelque chose qu’on oublie parfois, mais qui change tout. J’ai appris à me taire, à observer, à respecter des codes qui n’étaient pas les miens.
Et je crois qu’il est essentiel de se rappeler que « à Rome, on fait comme les Romains ». Ce proverbe vaut partout où l’on va : s’intégrer dans un lieu, c’est en respecter l’âme.
Aujourd’hui, je constate avec tristesse que le tourisme va trop souvent dans la direction inverse. On cherche à reproduire les mêmes standards partout, on importe un mode de vie au lieu de s’ouvrir à celui des autres. Et le résultat, c’est que tout se ressemble… on perd la saveur, on efface les différences, on déracine les cultures locales au lieu de les valoriser.
Ça m’attriste profondément, parce que la vraie richesse du voyage, c’est la singularité des lieux, des gens, des gestes quotidiens.
Pour moi, un tourisme positif, c’est un tourisme qui nous rend plus humains, plus humbles, plus curieux aussi. Un tourisme qui nous reconnecte à l’essentiel, à la beauté du vivant et à la diversité culturelle.
Et pour que cela devienne possible, je crois qu’on a une mission collective : élever le niveau de connaissance et de conscience. Nos pratiques diffèrent selon nos cultures, et certaines ont des impacts négatifs sans qu’on s’en rende compte. Transmettre, partager, expliquer, c’est ce qui permet d’avancer ensemble. Pas pour imposer une manière de faire, mais pour éclairer les choix, et encourager des comportements plus respectueux. Parce qu’au fond, le plus beau des voyages, c’est celui qui transforme doucement notre regard sur le monde… et sur nous-mêmes.
Quel rôle le voyage peut-il jouer, selon toi, dans une transition plus large : écologique, sociale, humaine ?
Pour moi, le voyage a d’abord été une ouverture au monde… et un voyage intérieur. Il m’a nourri humainement, profondément.
Que ce soit en pleine nature ou au cœur d’une ville, c’est toujours ce qui fait l’âme d’un lieu — son patrimoine naturel et culturel, sa singularité, ses gens — qui attise ma curiosité et m’ouvre l’esprit. C’est ça, pour moi, l’essence du voyage : faire un pas de côté, sortir des automatismes, se décaler un instant de sa vie quotidienne… pour mieux voir, mieux ressentir, mieux comprendre. Et surtout, se ressourcer. Pas pour fuir, mais pour revenir avec un regard plus vivant, plus vaste.
J’ai toujours aimé aller là où les chemins sont moins tracés, hors des circuits trop balisés. Parce que c’est là, souvent, que je rencontre celles et ceux qui font vraiment vivre une destination. Ce sont eux qui incarnent la culture, l’identité, la richesse du lieu.
Et quand je choisis de voyager ainsi, je sens que je contribue — à mon échelle — à soutenir une économie locale, préserver une culture, faire vivre une identité.
Dans ce sens-là, le voyage peut jouer un vrai rôle dans une transition écologique et sociale. Mais à condition qu’il soit conscient, respectueux, enraciné. Pas dans la consommation ou la répétition, mais dans la rencontre, l’apprentissage, la réciprocité.
C’est là qu’il devient un levier de transformation, pour soi… et pour le monde qu’on traverse.
Est-ce qu’il y a eu un moment marquant dans ton parcours qui a transformé ta façon de voir les choses ?
Oui, clairement. Après 11 ans passés dans un grand groupe international, à enchaîner les postes dans différentes capitales — toujours dans une logique de performance, de standardisation, de KPI — j’ai pris mon premier poste de directeur général à Bora Bora.
Je suis arrivé là-bas encore très “formaté”. Structuré, rigoureux, avec mes tableaux de bord bien calibrés…
Et puis, quinze jours seulement après mon arrivée, il est trois heures du matin, le téléphone sonne. C’est la réceptionniste de nuit : “Il y a une tempête tropicale qui arrive, on risque d’avoir de gros soucis”. Franchement, je ne m’inquiète pas plus que ça. J’ai connu des typhons à Manille, aux Philippines. Dans le pire des cas, on perd l’électricité, on a de la pluie… Je me dis que ça va aller, et je m’apprête à me recoucher.
Et là, ma femme me dit : “Tu ne veux pas quand même aller jeter un œil dehors ?”
J’ouvre la porte du bungalow… Et je prends une claque. La pluie est horizontale, le vent dément, la mer est en furie, et d’un coup je pense aux 50 bungalows sur pilotis… Je comprends que la situation est grave.
Ce moment-là a été un vrai électrochoc pour moi.
Je me suis rendu compte que, vivant dans des capitales, loin de la nature, je m’étais complètement déconnecté du vivant. J’avais oublié sa force, sa présence, sa puissance. Et surtout, à quel point nous sommes vulnérables face à elle. Ce jour-là, la nature m’a rappelé qui était le patron et ma place sur notre planète.
Depuis, j’ai lâché l’illusion du contrôle. Et j’ai laissé la pensée suivre d’autres chemins.
Un autre moment marquant ?
Oui, toujours à Bora Bora, un lieu qui a vraiment été un tournant dans ma vie. C’est là que j’ai découvert la plongée sous-marine. Et sincèrement, il n’y a pas de meilleur endroit au monde pour apprendre à plonger.
Je me souviens de l’une de mes premières plongées, dans la passe du lagon. Avant de descendre, on nous dit : “Avec un peu de chance, on pourrait croiser un requin citron.”
Apparemment, ils vivent plutôt en profondeur, au-delà de 30 mètres, mais de temps en temps, il y en a un qui remonte. Je suis super excité, l’idée d’en voir un me fait rêver… même si, je dois l’avouer, je transpire un peu : on a tous en tête ces images de requins nourries par les films.
On plonge…Pas de requin citron ce jour-là, mais un jardin sous-marin incroyable, des couleurs, une vie foisonnante, et en fond sonore : juste le souffle de ma respiration.
J’étais hypnotisé. C’était fort. Poétique, même.
Plus de deux ans plus tard, je retourne plonger au même endroit.
Cette fois, avant de descendre, on nous annonce : “Vous allez voir des requins citron.”
Tout le monde est surexcité… sauf moi. Moi, je me demande comment on peut garantir ça.
Et là, en effet, on en voit. Magnifiques. Mais quelque chose me dérange. En remontant, je vais voir l’équipe du club de plongée de l’hôtel. Je leur pose la question, naïvement : “Comment ça se fait qu’on soit si sûrs de les voir, maintenant ?”
Et là… le choc. On m’explique que certains clubs mettent des têtes de thon à dix mètres de profondeur pour attirer les requins hors de leur habitat naturel. Je suis en colère.
Parce que c’est une logique purement économique. Parce qu’on modifie un écosystème fragile. Parce que ça envoie un mauvais message — aux requins, comme aux touristes.
Et si un jour un accident arrive, ce sera dramatique : pour le touriste, pour la destination, pour les communautés locales… et bien sûr, pour les requins, qui n’avaient déjà pas besoin d’une réputation encore plus noire.
Ce jour-là, je me suis dit que je ne pouvais plus continuer comme avant. Que je devais changer de direction. Alors je suis parti. J’ai voyagé pendant plus d’un an et demi avec mon épouse à travers le monde, pour m’oxygéner, me recentrer, me réaligner.
Et à mon retour, j’ai pris un poste de directeur général aux Maldives, dans deux hôtels qui avaient quelque chose de différent : ils travaillaient avec un scientifique sur place, engagé dans des programmes de recherche et de conservation. C’était essentiel pour moi. Je voulais devenir un dirigeant engagé dans la préservation du patrimoine naturel et culturel des territoires qui m’accueillent.
10 ans plus tard, en Thaïlande, l’expérience me révèle une autre facette. J’y ai vu très concrètement l’impact du tourisme, non seulement sur l’environnement, mais surtout sur la culture.
Dans la tradition bouddhiste, l’offrande de riz aux moines, tôt le matin, est un temps sacré.
J’ai eu la chance de vivre ce moment à plusieurs reprises : c’est une expérience d’une grande humilité. Tu ressens un lien profond, un respect mutuel, quelque chose de silencieux mais très fort.
Dans le nord du pays, cette tradition reste encore bien vivante. Les Thaïs se lèvent tôt, préparent les offrandes, et perpétuent ce rituel avec ferveur.
Mais à Phuket, j’ai vu une autre réalité : de moins en moins de locaux se lèvent pour cette cérémonie. Les moines, parfois, n’ont même plus de quoi manger le matin.
Et là, j’ai ressenti un vrai choc.
Comme si, petit à petit, le tourisme avait déraciné les gens de leur propre culture, remplaçant des rituels millénaires par une quête de rendement, de gains rapides.
C’est là que j’ai pris conscience que le tourisme peut aussi être un facteur d’effacement culturel, d’uniformisation. Et ça, pour moi, c’est une forme de perte irrémédiable.
Depuis, je me suis promis de m’engager pour un tourisme plus respectueux, plus conscient, qui honore les lieux et les gens qui nous accueillent.
Son activité, aujourd’hui
À travers ton podcast, tes ateliers, tes accompagnements… qu’est-ce que tu espères ouvrir, provoquer, nourrir ?
Je me vois un peu comme un agitateur d’idées : J’aime faire surgir cet arbre oublié, juste là, tout près… celui qu’on ne voit plus à force de ne regarder que la forêt.
Mon dada, c’est d’inviter chacun·e à aller “un pas plus loin” – comme me le répétait un de mes anciens patrons : “Let’s go one step further!”
On part d’une intuition, on creuse, on la retourne, on lui donne des formes, on joue avec, comme avec de la pâte à modeler :
- Quelle est la véritable intention derrière ?
- Qu’est-ce que ça dit de nous, de nos valeurs ?
- De quoi le monde a besoin aujourd’hui ? comment je peux y contribuer ?
- Comment cela peut-il (ou non) devenir concret ?
En d’autres mots : questionner le sens, s’assurer que la personne ou le collectif est aligné avec l’idée – et, surtout, que cela déclenche de la joie. Parce que quand un projet devient source de joie, on ne “travaille” plus : on s’épanouit.
J’aime aussi créer un espace où les petites idées cachées peuvent sortir de l’ombre.
Trop souvent, on étouffe des graines avec des phrases comme : “Ça ne marchera jamais.”
Alors je propose de s’autoriser à faire un pas de côté, de changer d’angle, d’explorer les possibles, d’imaginer des futurs qu’on n’avait pas encore dessinés. Cela permet aussi de reprendre confiance en soi, de s’appuyer sur cette exploration intérieure, de ce qui anime et nous chahute.
Parfois, le projet évolue. Parfois, il s’arrête. Mais au moins, on comprend pourquoi, on est allé au fond des choses. Et on en ressort avec un regard plus vaste, un peu plus de liberté intérieure… Et, je l’espère, l’envie de continuer à bousculer le statu quo. Ensemble.
Car je crois profondément que nous avons besoin de sortir des cases qui nous limitent, qui nous bloquent dans l’action.
Alors… osons.
Quelle place ont la nature et le collectif dans tes pratiques ? Et qu’est-ce qu’ils rendent possible, que le reste ne permet pas ?
A travers mes expériences de vie dans des environnements naturels magnifiques, la nature est devenue un élément central de mon équilibre.
Ce n’est pas que je sois un aventurier, mais j’ai un lien profond avec elle. La nature nous adoucit. Elle nous parle, de manière subtile, multiple. Elle a des effets tangibles sur notre santé physique et mentale. Elle nous recentre.
Je l’intègre dans mes pratiques de plusieurs manières :
- Par le dessin, notamment avec le concept de l’arbre de vie, qui permet d’exprimer autrement ce que l’on porte en soi. Dessiner son arbre, c’est convoquer son enfant intérieur, se reconnecter à une forme de langage plus symbolique. Cela ouvre un espace d’expression plus profond, plus sincère.
- Par l’inspiration des principes du vivant : l’interdépendance, la diversité, la singularité, la création continue, l’équilibre dynamique, la croissance limitée, la sous-optimalité, la décentralisation, l’absence de déchets… Ces principes me servent comme une palette de couleurs pour enrichir mes ateliers, mes réflexions, mes accompagnements.
- Par le cadre. J’adore organiser des ateliers en plein air. Cela change tout. On quitte les salles sans âme, et tout de suite, l’ambiance devient plus fluide, plus douce, plus vivante. S’asseoir dans l’herbe d’une prairie, sentir les odeurs de la forêt, entendre le chant des oiseaux… cela stimule nos sens. On se reconnecte à soi, à la terre, aux autres. Et ça fait du bien : à la tête, au cœur, au corps.
Quant au collectif, il est indissociable de mes pratiques. C’est dans la rencontre avec l’autre qu’on évolue. Ensemble, on va plus loin, plus juste. Le collectif permet de poser un regard pluriel, de croiser des expériences, des visions du monde. Il amplifie, il nourrit, il relie.
Nature et collectif, ce sont mes deux piliers.
Ils offrent un cadre de travail vivant, sensible et profondément humain — là où les cadres classiques s’épuisent ou cloisonnent.
Pour toi, c’est quoi une expérience vraiment transformatrice ?
C’est parfois un instant suspendu, où le temps semble s’arrêter, où l’on est pleinement là, présent, en harmonie avec ce qui se vit. C’est beau, c’est doux, c’est généreux. On en redemande.
Mais ce sont aussi, souvent, des expériences moins confortables. Celles qui nous bousculent, qui viennent heurter nos certitudes, nos croyances, nos comportements.
Elles provoquent un déséquilibre, une fissure… et c’est souvent à travers cette faille que peut émerger quelque chose de plus vrai, plus juste, plus aligné avec qui nous sommes profondément.
Ce sont des moments de bascule. On ne les choisit pas toujours, mais on peut choisir ce qu’on en fait. J’ai vécu les deux, et il me semble qu’ils sont tous deux nécessaires. C’est une autre forme de voyage, plus intérieur, mais tout aussi puissant.
Et finalement, c’est s’autoriser à prendre ce temps : le temps d’apprécier ce que l’on vit, de respirer, de faire un pas de côté…
Et se rendre compte que ce qui nous transforme le plus, ce sont souvent ces moments inattendus qui nous invitent à nous laisser surprendre par la vie, à lâcher prise sur nos attentes, et à simplement être.
Notre collaboration
Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’impliquer dans ce qu’on est en train de construire ensemble ?
Tout simplement : toi. Ta sensibilité, ton humanité, ta façon d’habiter le monde.
Ton engagement authentique pour la transition écologique et sociale, ta capacité à observer finement, à poser les bonnes questions, à ouvrir le champ des possibles.
Et puis cette envie que tu portes, solidement ancrée dans tes racines :
de relier les femmes et les hommes qui font vivre le territoire à celles et ceux qui veulent le découvrir, à travers des expériences inclusives, immersives et joyeuses où l’échange est au cœur.
La raison d’être de ton projet révèle ce qui t’anime : le lien, la rencontre, la transmission.
C’est ambitieux, et le monde en a besoin. Alors forcément, ça me parle.
Et j’ai eu envie de faire un bout de chemin à tes côtés.
Qu’est-ce que tu vois ou ressens dans notre démarche, ce qui te parle, t’interpelle ou te donne envie de continuer à nous accompagner ?
Ce qui me touche d’abord, c’est la sincérité de ton projet.
Ton intention est claire, authentique, profondément humaine.
Ce qui me parle aussi, c’est cette volonté de mettre en lumière des femmes et des hommes profondément attachés à leur territoire, à leurs traditions, à leurs savoir-faire — mais aussi tournés vers l’avenir, porteurs d’une vision, d’un engagement, d’une envie de faire bouger les lignes, de sensibiliser, de transmettre.
Continuer à t’accompagner me semble naturel. Nous avons déjà coanimé des ateliers avec de potentiel clients de ton projet, et à chaque fois, c’était une expérience riche, humaine, vivante, qui nous a nourris, autant sur le plan intellectuel qu’émotionnel.
Et puis, il y a cette joie.
La joie d’accompagner quelqu’un, un collectif à faire émerger ce qui dort encore en lui, à révéler ses petites pépites intérieures. Et ça nous manque le plus aujourd’hui dans notre société : de la joie partagée.
Alors oui, j’ai envie de continuer.
Conclusion
Y a-t-il une phrase, une intuition ou un geste qui t’accompagne dans ton travail ?
La phrase qui m’accompagne tous les jours est d’Antoine Saint Exupéry : “Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver quelque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naitre dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer.”
Deux petites choses qui peuvent paraître simples, voire drôles :
La première, c’est la sieste. Quand je peux, je la fais. Elle me fait un bien fou, vraiment.
La deuxième, c’est quand je me retrouve bloqué sur un sujet, je pars me promener avec mon chien pendant une vingtaine de minutes, dans la forêt, sans téléphone. Juste marcher, respirer, laisser mon esprit vagabonder… Et ça fonctionne à chaque fois pour débloquer les idées.
Ce sont ces petits gestes qui me permettent de rester connecté à moi-même et de retrouver de la clarté.
Et si tu devais nous laisser avec une invitation, ce serait quoi ?
Osez tracer votre propre voie, à n’importe quel âge, à n’importe quel moment.
J’ai changé de vie à 17 ans, puis à 35, puis encore à 50. À chaque fois, j’ai entendu les voix du doute : « Ne dévie pas, suis le chemin tracé. » D’autres, plus rares, m’ont soutenu, parfois sans vraiment comprendre, parfois avec une pointe d’envie.
Mais ce qui compte vraiment, c’est d’apprendre à écouter cette petite voix en soi, à lui faire confiance, à croire en ses rêves, et surtout, à agir. Que ça marche ou que ça échoue, c’est un chemin d’apprentissage. L’échec n’est pas une fin, c’est un enseignement précieux. Ce qui ne fonctionne pas aujourd’hui peut s’ouvrir à une autre forme de réussite demain.
Oui, il y aura des moments de doute, des envies d’abandonner. Mais ces instants sont des invitations à lâcher prise, à s’ouvrir pleinement au monde au lieu de s’enfermer dans la peur.
Et par-dessus tout, je refuse de finir avec des regrets. Je veux regarder en arrière en sachant que j’ai tout tenté, que j’ai vécu avec courage, authenticité, et audace.
Alors, osez. Osez avancer, même dans l’incertitude.
Parce que la vie est trop précieuse pour rester figé.
Parce que chaque pas vers votre vérité est un pas vers la liberté.
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Podcast : Xpérientiel – le tourisme positif